Minia BIABIANY, du 30 janvier 2020 au 7 juin 2020,
Magasin des Horizons, Grenoble (38)
Comment ça se présente ?
Une installation gigantesque, qui couvre l’intégralité du sol de la seconde salle du Magasin. Le sol est recouvert d’un tissage de terre, quelques mobiles gigantesques en perles soutenues par des branches de bois pendent du plafond, deux murs comportent deux installations vidéo, des hauts parleurs sont disposés dans la pièce, des restes de vanneries calcinées sont au sol, de hautes ‘tables’ en bois sont dans le fond, et des sortes de larges bassines contenant une eau noire sont disposées ça et là…
Oui, on ne peut que marquer un temps d’arrêt en entrant, l’espace est ouvert et occupé d’un bout à l’autre.
Ma lecture des choses
L’ensemble peut paraître assez aride au premier abord, mais il mérite qu’on prenne le temps de s’en imprégner, d’admirer les vanneries, les perles suspendues, de regarder les vidéos, de voir comment le son des conques et des paroles se mêle, et puis tout à coup, sans bien qu’on s’en rende compte, on est tombé dedans.
Le sujet traité ici concerne le passé colonial des îles des Antilles, dont l’artiste est originaire. Les vidéos présentent des paysages locaux, le son des conques retentit comme des trompettes lointaines. Si vous n’êtes pas originaires des Antilles, les médiatrices vous informeront que les conques étaient traditionnellement un moyen pour se communiquer les informations importantes à distance. J’ai supposé aussi que les vanneries étaient des coutumes locales : on est un peu ému de les contempler à demi calcinées – qu’en est-il de cet héritage ?
On remarquera aussi la présence des 4 éléments : feu, terre, air (son) et eau. Je suis aussi intéressée par l’espace du fond de la pièce : au plus près du son, et pourtant dans la zone la plus sombre. L’espace de la pièce permet aussi des jeux de perspective, les éléments étant parfois plus facile à distinguer lorsqu’on est … plus loin !
La question de l’appropriation de la visite en elle-même fait comme une mise en abyme de la question de l’appropriation du passé colonial de la France : qu’allons-nous en faire, aujourd’hui ? J’ai tué le papillon dans mon oreille est une très belle expo, dont les médiatrices à l’entrée pourront vous parler longuement, ce qui est encore mieux !
En savoir plus avec le dossier consacré à l’exposition, sur le site du Magasin des Horizons
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