Tomi Ungerer, du 22 février au 20 septembre 2020, Musée du Temps, Besançon
Une exposition en deux parties
Tomi Ungerer (1931-2019) est un dessinateur strasbourgeois, qui a vécu aux États-Unis, au Canada et en Irlande. L’exposition qui lui est consacrée au Musée du temps met en avant sa relation particulière avec le temps et la mort, très présents dans ses créations. Descendant d’une grande famille d’horlogers, les instruments de mesure du temps sont pour lui des compagnons de vie, dont il utilise la symbolique dans ses dessins.
1ère partie : rencontre avec les dessins de Tomi Ungerer
Les deux premières salles sont donc consacrées à un petit panorama de ses créations : dessins à l’encre, lavis, petits et grands formats, portraits. Ses talents de dessinateur ne font aucun doute : il s’attaque avec brio à des sujets variés et les rend magnifiquement. En un mot : c’est beau ! Son trait est piquant, sombre, plutôt minimal, parfois seulement rehaussé de quelques touches de couleurs, parfois uniquement en noir et blanc. La couleur va de préférence à ses dessins pour enfants, à qui il a dédié de nombreux albums. L’un des plus connus est « Les trois brigands », une histoire absolument adorable où trois bandits de grand chemin rencontrent une petite fille et… je n’en dirai pas plus, pas de spoiler ici désolée.
Dans ses dessins pour adultes, il aborde sans fards de nombreux sujets : la mort, la vieillesse et la maladie, la sexualité, mais sans jamais se départir d’un certain humour noir, que j’ai personnellement beaucoup aimé. Il critique de façon acerbe la guerre au Vietnam, réalise des satires sociales mordantes, créé des visuels pour la sécurité routière.
La Mort, personnifiée sous la forme d’un squelette, se balade un peu partout : c’est une amie intime à qui il montre son travail dans l’Autoportrait à la Mort (1975), elle est impitoyable et injuste dans la guerre au Vietnam, mais elle bat aussi en retraite lorsqu’on prend des mesures pour la sécurité des routes en hiver. Sans jamais tomber dans la mélancolie, sa proximité et sa récurrence en fait un peu la compagne de l’exposition : elle rôde, elle est là, elle s’amuse, elle surgit, comme une amie un peu cruelle.
Mon coup de cœur est allé au portrait d’un horloger, retirant délicatement une croix nazie du mécanisme d’une horloge. L’image est d’autant plus émouvante que l’artiste a connu l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne et a dû vivre sous le régime nazi un certain temps, une expérience traumatisante pour l’artiste, qui en aurait fait des cauchemars toute sa vie.
Le tour des deux salles se fait malheureusement trop vite : j’en voudrais plus ! Ce sera l’occasion d’aller visiter le musée qui lui est consacré à Strasbourg et à qui l’artiste a fait don d’une grande partie de son œuvre.
2ème partie : la famille Ungerer
La seconde partie de l’exposition, située sous les combles du Musée du temps, retrace l’illustre savoir-faire de la famille Ungerer en matière d’horlogerie monumentale. Née au 19ème siècle, l’entreprise familiale cumule les travaux prestigieux sur deux siècles : conception d’horloges pour de nombreuses églises et cathédrales en Alsace, création d’horloges astronomiques (notamment de la plus haute du monde en Sicile, à Messine), d’automates, de carillons (pour l’hôtel de ville d’Oslo en particulier), restauration d’horloges astronomiques anciennes à Lyon et Besançon… On admire la compétence d’une famille qui a visiblement le goût du travail bien fait. L’exposition présente des documents historiques, une généalogie détaillée de la famille et de ses inventions, et quelques beaux exemples de mécanismes restaurés.
En ce qui me concerne, j’ai été moins touchée par cette seconde partie de l’exposition. La première raison est que, sincèrement, je ne suis pas une passionnée d’horloges. La seconde est que je ne suis pas une passionnée de familles illustres non plus : franchement, ça me laisse de marbre.
Pour toutes ces raisons, j’ai donc bien plus aimé la première partie de l’exposition ! Mais ça ne m’a pas empêchée de passer un très bon moment, de découvrir un grand dessinateur contemporain et un bon pan de patrimoine franc-comtois. J’en ai retenu qu’aller à Strasbourg et visiter le musée dédié au dessinateur serait aussi une excellente idée 😀
Pour aller plus loin…
On se balade sur internet avec :
– Le Musée Tomi Ungerer
– Le Musée du Temps