Géoparc de Digne les bains : le Musée Promenade (04)

Prendre le frais en plein été, ça vous dit ?

Cet article est en 3 parties :
1 – Le musée promenade
2 – La maison des remparts
3 – Le Cairn, exposition temporaire

Comment ça se présente ?

Le Géoparc de Digne, labellisé à l’Unesco a une forte orientation artistique, notamment vers le land art. Il est composé d’un grand parc, aménagé autour de plusieurs itinéraires piétons qui permettent d’admirer œuvres d’art, sites naturels, points de vue, seul ou en famille. A l’entrée est situé le CAIRN, Centre d’Art Informel de Recherche sur la Nature, qui accueille régulièrement des artistes en résidence et expose leur travail. Au cœur du parc est située la Maison des Remparts, qui abrite des expositions sur le patrimoine naturel local et offre un petit voyage dans le temps.

Le Musée Promenade : un univers naturel et délicat

Amateurs de land art, le Musée Promenade de Digne les Bains est une belle entrée en matière.
Après avoir chaussé vos baskets, vous aurez le plaisir de vous balader dans les différents itinéraires du parc et de découvrir un petit univers naturel savamment mis en scène et très délicat. De nombreux artistes y exposent leurs créations : Erik Samakh, Agathe Larpent, Fabien Lerat, Joan Fontcuberta…, ainsi que le Pape du land art, Andy Goldsworthy. La faune locale est elle aussi anoblie, puisque de superbes photographies des bouquetins, papillons et serpents du cru sont sur leur 31, complétées par un petit QR Code donnant accès à des infos détaillées. Différentes zones thématiques sont proposées aux visiteurs : le Jardin Japonais, le Sentier des Papillons, la Grande Cascade… De quoi se rafraîchir, prendre soin de ses yeux et de ses oreilles, car le parc est bien isolé des routes (d’une part), mais est d’autre part abondamment irrigué en petits cours d’eau qui vont en chantonnant un peu partout. L’un des lieux du parc les plus beaux – pour moi – était la Grande Cascade, ses gouttes d’eau, son fossile d’Hydropithèque solitaire (Joan Fontcuberta ; levez les yeux pour l’admirer !). J’ai aussi beaucoup aimé le Jardin Japonais et les Fontaines de Théières de Sylvie Bussières, qui ont un petit côté Alice au Pays des Merveilles assez onirique.

En revanche, on pourra reprocher au Parc que certaines œuvres sont tellement subtiles qu’elles ne sont pas perceptibles… Par exemple, je n’ai rien pu entendre des Joueurs de flûte (Erik Samakh), ni vraiment voir les Parterres de Catherine Marcogliese (c’est à dire qu’ils ont tellement poussé qu’ils pourraient s’appeler les Pardessus, c’est la magie du land art;)), ni les fleurs sensées représenter les âges de la vie dans le Jardin Japonais (peut-être perceptible par un botaniste ?). Enfin, les Cairns d’Eau d’Andy Goldsworthy ne se sont pas révélés aussi glougloutants que l’affiche le promettait, et là-dessus j’étais un peu déçue parce que ce sont tout de même des choses somptueuses à regarder. D’ailleurs, leur rondeur et leur sensualité me donnait envie de leur faire un câlin, et aussi de voir encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres œuvres du même artiste. Note aux passionnés : la région est un haut foyer du land art et abrite des sentiers de randonnée spécifiques !

La Maison des Remparts

Après avoir déambulé, le visiteur arrive sur les hauteurs, en face de Digne, et se voit offrir pour sa peine un splendide panorama, au pied de la Maison des Remparts. C’est le moment de s’acheter une glace si on aime les trucs gras et sucrés (moi oui), de remplir sa gourde, prendre quelques photos et entrer dans le musée. Ici, je serais bien incapable de vous détailler ce que j’ai compris de l’exposition, hormis qu’il y a de belles scénographies pour vous présenter des ammonites (Georges Autard), des aquariums splendides qui vous feront croire que vous êtes 20 000 lieues sous les mers (les enfants seront ravis), des mues de serpent et encore des ammonites. Le lien entre tout ça m’est resté franchement obscur car je croyais au début qu’il s’agissait de mettre en valeur un patrimoine géologique local, or, quand j’ai vu exposer des pierres précieuses du Maroc, j’ai pris note de mon erreur.

Aussi, considérant que vous avez fait votre tour et mieux compris que moi, je parlerai de la suite de la visite, en redescendant de la Maison des Remparts par un des nombreux sentiers du parc, et en arrivant au CAIRN.

Exposition temporaire au CAIRN : Artemis et Paul Armand Gette, 50 ans de conversation

Du 6 juillet au 2 novembre 2020

Même si j’aime beaucoup la création en général, l’art contemporain en particulier, et encore plus être bon public, je ne peux pas dire que j’ai apprécié cette exposition. Le concept, c’est la fascination de l’artiste pour la déesse grecque Artémis, patronne de la chasse, des apparitions, de la guérison, de la maladie et de la fertilité notamment. Elle est associée à la Lune, à la puissance de la Nature, à l’ambroise. Merveilleux départ pour l’imagination ! Je pensais puissance et force féminine, animaux emblèmes, miracles, éblouissement, cors de chasse, trompettes guerrières, femmes vengeresses, polythéisme, magie, cultes anciens, grecquitude, mouvement et énergie !

Voilà pour mes attentes, mais le visiteur candide – et non accompagné d’enfants – tombera sur ce qui est, globalement, une expo photo, où de nombreux modèles féminins exposent leurs charmes d’une façon plus ou moins crue esthétique. Autant pour mes envies de poésie : ici, on présente des Artémis seins nus avec un fil de barbelé tatoué dessus et leur téléphone portable… Une grande installation centrale assez belle semble évoquer le sexe féminin. Je comprends mal le recours au tissu camouflage, sensé représenter le pouvoir d’apparition et de disparition de la déesse, mais admettons. Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant, pour parler de chasse, d’évoquer du mouvement, des chevaux, du bruit, des chiens de chasse, des cors, des armes (ça me semble quand même essentiel si on veut ramener une proie à un moment…) ou a minima, des pièges… ? Point. Les modèles sont statiques, souvent nues, posent pour la caméra. “Tout est à leur initiative”, clame l’exposition. Ah bon. C’est donc sensé m’expliquer la présence des bodys et accessoires de lingerie érotique, toujours féminine, mis sous glace ?

L’aspect divin me paraît à peine effleuré : il est soupçonné dans les photographies de feux d’artifice, qui auraient mérité plus d’intérêt, et dans les photographies avec la robe verte, racontant comment Artemis aurait floué un humain.

Quelques éléments attirent mon attention : l’installation centrale, d’un bel effet esthétique même si encore une fois, le recours à la sexualité me semble injustifié, une ou deux photographies de fessiers accompagnés d’un croissant de lune (idem, c’est esthétique), le léger clin d’œil à la botanique avec l’armoise, et pour ma part, ça s’arrête là. Difficile de ne pas voir tout ça comme un merveilleux prétexte pour aller folâtrer avec de jolies donzelles dans les bois et exposer leurs dessous en mode trophée, ce qui du coup n’en fait plus du tout des chasseuses, puisque ce sont d’elles qu’on ramène des morceaux, hem hem…

Enfin cette petite déconvenue finale ne m’a pas empêchée de bien apprécier mon après-midi et de discuter avec de très sympathiques médiatrices à la sortie. Et de me dire qu’il faut VRAIMENT que j’aille regarder sous le nez tout ce qu’Andy Goldsworthy a fait dans le coin un jour prochain.

A retenir, donc

  • Un Musée Promenade qui vaut vraiment le détour et qui est frais en été
  • Une maison des Remparts sympathique
  • un CAIRN dont j’apprécierai peut-être d’autres expositions
  • une chouette rencontre avec les médiatrices
  • un excellent point de départ à la rencontre du land art foisonnant de la région!

A ce sujet, n’hésitez pas à demander la carte de toutes les œuvres d’arts disséminées dans le parc naturel, car il y en a pour des kilomètres et des kilomètres. Andy Goldsworthy a même réalisé un parcours de randonnée d’une semaine qu’il doit être passionnant d’emprunter.

Plus d’infos sur ces sujets :
Musée Gassendi
Refuge d’art, Digne les Bains

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